BRM 600 à Morkhoven, le 26 mai 2007

Les dates se raréfient dans l'agenda ! Récapitulons : 200 et 400 sont dans la poche ; le 300 à refaire... mais plus aucun n'est organisé en Belgique. Il faut donc se rabattre sur un second 400 et réaliser le 600. Or, il ne reste qu'un 400 et deux 600 ! Vous suivez ? Je n'ai donc droit qu'à une erreur : je fais le premier 600 organisé pour m'en garder un de réserve en cas de pépin.

Cela ne me ravit pas, car ce premier et avant-dernier 600 belge s'annonce ennuyeux à périr : départ près d'Anvers et grande boucle ultraplate dans les environs d'Amsterdam. Il risque en outre d'y avoir du monde. Parcours approximatif : Morkhoven - Herentals - Turnhout - Tilburg (NL) - Dussen - Gorinchem - Arkel - Ijsselstein - Harmelen - Amsterdam - Purmerend - Hoorn - Medemblik - Den Oever - Afsluitdijk - Workum - Koudum - Lemmer - Urk - Lelystad - Almere - Utrecht - Meerkerk - Gorinchem - Dussen - Tilburg - Baarle Hertog (B) - Turnhout - Herentals - Morkhoven. Bref : des polders à perte de vue. Quarante heures disponibles ; trente devraient peut-être suffire.

Je n'ai pas encore résolu la logistique du départ : impossible de se rendre en train au point de départ pour 5h30 du matin, et je ne trouve pas d'hôtel abordable dans le coin... Je vais tâcher de contacter les organisateurs pour me dénicher un abri ; sinon, ce sera la couverture de survie dans un cabanon au fond d'un pré.

Moral et courage seront , il me semble, de mise pour ce 600 !!!
Vélo réparé

a+

Exact : il faudra peu de courage physique, mais beaucoup au niveau psychologique, car je m'attends à un parcours très morne.

Le vélo s'est fait réparer chez Joiret, à Moha, la semaine passée. Il a depuis parcouru Antheit-Paris ; il faut que j'examine la soudure, mais je pense que ça tient, cette fois.

600 dans la poche

Bon. Je n'ai pas une folle envie de raconter ce brevet, mais l'expérience reste intéressante. Tout s'est presque passé comme prévu — beaucoup d'ennui, un peu de souffrance : le témoignage en vaut sans doute la petite peine supplémentaire.

L'organisateur, que j'avais contacté l'avant-veille, a la gentillesse de m'ouvrir la porte de son garage, en sorte que je me réveille à pied d'oeuvre samedi matin. J'imaginais qu'avec l'allongement des distances s'amoindrirait l'ambiance "cyclosportive" du peloton, mais non : beaucoup de carbone, très peu de porte-bagages (un bag-drop est organisé jusqu'à l'hôtel, à mi-distance). Je suis le seul à arborer de jolis catadioptres dans les rayons. Et, comme d'habitude, le seul couché.

Tout le groupe démarre à six heures. L'allure est calme, à peine plus de 25 km/h. Nous avons reçu une carte très détaillée, et une feuille de route effrayante : il y a des changements de direction tous les deux ou trois kilomètres. Apprenant qu'un groupe d'une douzaine de "rapides" qui connaît le chemin va se détacher, je décide de les accompagner ; la moyenne est de 31. Las ! Il y a des hésitations quant au chemin à suivre. "Links ! Links !", crie l'un, alors que l'autre affirme : "Rechts !" Je regarde la feuille de route, constate que c'est "links" et suis quand même le groupe à "rechts". Faut-il s'étonner de retrouver, quelques kilomètres plus loin, le peloton "lent" devant nous ? Et ce scénario se reproduit trois fois...

Arkel, km 105, 10h20. Rien à signaler. Je mange une portion des pâtes aux tomates séchées, olives, feta et huile d'olive que j'ai préparées la veille.

Amsterdam, km 182, 13h30. Nous traversons en bac un bras de mer. Quelques contrariétés commencent à s'accumuler. Mon compteur se met à délirer avant de cesser d'émettre pendant plus d'une heure, ce qui a le don de m'énerver au plus haut point. Ensuite, les conversations avec les camarades sont limitées : tous sont flamands ; les deux qui le peuvent parlent français, et je me débrouille en néerlandais avec tous. Mais lorsqu'ils plaisantent entre eux ou échangent des cris au sujet de la route à emprunter, je ne comprends généralement rien. Enfin, le détail qui me révulse et me fait regretter de profiter du groupe : ils jettent leurs déchets par-dessus leur épaule.

Déchets par-dessus de l'épaule...c'est hélas beaucoup trop fréquent en vélo et même dans notre club

frederic a écrit:

Déchets par-dessus de l'épaule...c'est hélas beaucoup trop fréquent en vélo et même dans notre club

Trop fréquent, certes, mais au niveau de notre club, je n'ai pas vraiment remarqué.

Bernard

Normal Bernard! Tu es toujours devant....

Après Amsterdam, nous longeons l'Ijsselmeer, le grand "lac intérieur" dont nous allons faire le tour. Notre groupe comptant un nombre impair de cyclistes (13) et roulant à deux de front contre un vent assez fort, je me trouve bien involontairement — mais gentiment, me semble-t-il — exclu des relais. Je me persuade presque que je suis bien le treizième de cette curieuse cène dont les rogatons volent au vent, quand inopinément nous nous retrouvons à douze. Je prends enfin ma place dans ce tapis roulant des relais : j'ai bien vu que nous roulions à 31 mais, trop content de montrer ma bonne volonté, je ne puis m'empêcher d'accélérer jusqu'à 34-35 ; c'est quand le groupe s'éloigne dans le rétroviseur que j'adoucis enfin le coup de pédale. Mornes, les kilomètres défilent, heureusement ponctués des cris d'huîtriers ou de superbes barges à queue noire (j'attends les jeux de mots de bon goût).

L'Afsluitdijk. Trente kilomètres de digue rectiligne entre l'Ijsselmeer et le Waddenzee. Les relais se succèdent face au vent soutenu, s'interrompent avec le "Genoeg ?" du coéquipier.

Workum, km 304, 18h30. Un hôtel a été réservé, mais nous sommes cinq à souhaiter continuer sans dormir. Nous dînons au restaurant avant d'entamer le retour, par la rive orientale de l'Ijsselmeer. Le vent a faibli mais est dans notre dos ; le compteur ne descend plus en dessous de 34.

Tu veux dire que les gars roulent à du 30 km/h sur des distances pareilles?!?

Pffffff..... Et moi qui prenait Fred pour un extraterrestre...

Ah, au fait, Jejon, il me semble te voir souvent à Huy passer devant mon bureau (Equip Interim, Place Saint Séverin, enfin, Avenue des ardennes si tu visualises mieux).
A l'occasion, pousse la porte et demande après moi que l'on fasse connaissance et que découvre ta drole de machine.

Oui ; sans les nombreux ralentissements causés par les hésitations aux carrefours, on ne serait sans doute pas loin des 30 km/h pendant 600 bornes. Évidemment, c'est tout plat, et un peloton bien organisé en relais fait des merveilles (c'est une découverte pour moi, même si la solitude m'attire davantage).

Je passerai très volontiers un de ces jours au bureau, merci !

Stéph...il n'y a pas que la machine qui est drole

Les conditions deviennent difficiles. Une fine pluie s’est mise à tomber et forcira parfois jusqu’à l’averse drue, rendant le bitume glissant. La fatigue grandit ; le geste courtois qui indiquait le nid-de-poule, la barrière ou le potelet au milieu de la piste se fait de plus en plus rare. La visibilité, de nuit et sous la pluie, derrière ces vélos droits, devient si mauvaise que je préfère rester quelques dizaines de mètres en recul. Devant moi, quatre paires de mollets aussi gros que mes cuisses oscillent fantasmagoriquement, mes paupières sont lourdes et mon esprit volage.

Utrecht, km 468, vers 2h30. La pensée même que je ne dois pas dormir m’endort. À quelques reprises, je surprends mes roues désireuses de goûter le talus ; je m’aperçois alors que mes compagnons ont pris deux cents mètres. Je m’ébroue et les rattrape — pas si près, c’est trop risqué ! Souvent, je souhaite m’arrêter. Après tout, je ne profite pas de leur aspiration, mais seulement de leur (assez floue) connaissance du parcours. Las ! En m’arrêtant, je m’expose à la frigorification pure et simple : je ne porte qu’un T-shirt et un coupe-vent, n’ai pas de vêtements de rechange, et la couverture de survie est restée à la maison… Il faut continuer, s’accrocher à ces feux rouges dansants et toujours plus distants…

Le jour commence enfin à se lever ; le poids du sommeil paraît s’alléger. Mais un nouveau tracas se présente : mes freins, déjà très mous au départ, répondent de moins en moins. Lancé à 35 km/h, c’est un exploit que de s’arrêter en moins de 50 m. J’appréhende chaque carrefour, chaque changement de direction, chacune des nombreuses hésitations sur l’itinéraire. J’emboutis une fois l’un des camarades ! Trente kilomètres avant l’arrivée, incapable de m’arrêter en sécurité, même à l’aide de mes talons, lorsque la piste traverse une route prioritaire, je me résous à m’arrêter. Enfin ! Je règle mes freins convenablement. J’achève presque mes pâtes aux olives. Je bois tranquillement. J’écoute le croassement des grenouilles vertes dans le canal, le chant d’une grive draine. Je repars.

Morkhoven, km 603 (officiellement), 9h15. Près de deux heures ont été nécessaires pour parcourir les trente derniers kilomètres, en raison des insensées circonvolutions que j’aurai décrites autour du point d’arrivée. Mon compteur ayant cessé plus d’une heure de fonctionner, mon « 600 » doit en fait approcher 640 kilomètres. Restent 10 kilomètres pour rejoindre la gare, et quatre trains jusque Statte. Content d’en avoir fini !

Et bien....et bien...tout cela ne me tente guère....600km sans dormir.... très peu pour moi

Bravo tout de même d'être arrivé au bout d'une partie de ton rêve.....à chacun ses rêves et c'est bien ainsi

Le 300 manquant va te paraitre fastoch !!!!

a+ frédéric

Je suis sur le cul. Non seulement j'admire l'exploit sportif mais je suis plus encore sidéré par l'esprit dans lequel tu le réalise. Ce mélange de désinvolture et de tenacité, cette absence de rigueur ( le mot est faible) pour un exercice aussi exigeant melé d'un je ne sais quoi de méthodique... Non décidément il n'y a pas que par ton vélo que tu es atypique.

En tout cas, si cela ne te pèse pas trop, continue de nous distiller tes exploits: ta prose est un régal que je ne suis manifestement pas le seul à apprécier.

Bernard

Merci beaucoup ! Rendez-vous très bientôt pour les dernières aventures du week-end dernier...

Chapeau bas!

Une dernière chose : quelques chiffres en guise de bilan...

Km : environ 640.
Dénivellé : hollandais... Bon, on a quand même grimpé bon nombre de digues, et il y a souvent des plateaux aux carrefours... Qui sait si nous n'atteignons pas la centaine de mètres ?
Temps total : 27h15.
Vitesse moyenne totale : 23,5 km/h.
Temps roulé : environ 23 heures.
Vitesse moyenne roulée : environ 27,8 km/h.

Nourriture : un repas de pâtes au resto, 500 g de pâtes préparées à l'avance, une vingtaine de Snickers, Mars et biscuits secs aux céréales.

Boisson : trois litres d'eau (c'est peu), trois cocas et un café (c'est trop ?).

Vêtements : un cuissard court, un T-shirt et un coupe-vent (et des gants inutilisés car je croyais les avoir laissés à la maison).

Petite curiosité... J'ai fait les six cents kilomètres sur un seul pignon et deux plateaux ! Le dérailleur arrière est récalcitrant et le petit plateau ne passe pas ; je me suis donc contenté, en permanence sur le pignon médian, de passer du plateau moyen (pour les rampes d'accès aux digues, manoœuvres et démarrages) au grand (vitesse de croisière) sur tout le parcours ! C'est dire si c'était plat...

Stéphane a écrit:

Jéjon, il me semble te voir souvent à Huy passer devant mon bureau. A l'occasion, pousse la porte et demande après moi que l'on fasse connaissance et que je découvre ta drôle de machine.

J'ai voulu vous rendre visite mardi ou mercredi dernier mais ai trouvé porte close... Il est vrai que vous fermez à 17h30 ; comme je finis à 17 heures à Tinlot et quitte rarement la boîte avant 17h30, je me demande comment vous avez pu m'apercevoir sous vos fenêtres...?

Un peu de patience.....stéph est en vacances

Et là; et là!!!
Le bureau ferme à 17 H 30, mais moi, je reste plus tard....
Sauf qd je suis en vacances...

Ah...? Peut-être demain, alors... Mais ne m'attendez pas !

Chouette ! Ce fut en effet le lendemain. Hier, avant même de trouver closes les portes du bureau de Stéphane, je fus rejoint au feu de la place Saint-Denis par un fringant dompteur de Cervelo... Un vrai plaisir que de faire la connaissance de Stéphane et de ses projets !